Curé de Saint-Baudier (aujourd'hui La Maxe), dans le diocèse de Metz,
l'abbé Antoine Nicolas refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé, en 1791. Condamnée par le pape, cette constitution créait de fait un schisme au sein de l'Eglise, en séparant le clergé de France de l'Eglise de Rome. Les deux tiers des prêtres et la quasi-totalité des évêques refusèrent la nouvelle église constitutionnelle.
Dieu semblait avoir destiné spécialement l'abbé Nicolas à prémunir les fidèles du pays Messin contre les nouvelles erreurs ; car il se trouva doué d'un courage extraordinaire en ces circonstances critiques. Sans négliger ses ouailles, il parcourut toutes les paroisses du diocèse.
Dans celles-ci, les vrais pasteurs avaient été remplacés pas des prêtres constitutionnels, prêchant la plupart du temps dans des églises vides.
Le courageux abbé continuait quant à lui d'administrer les sacrements et de célébrer la messe de façon clandestine. Un immense soutien populaire lui permis cette vie cachée et active au service de la Foi.
Les conversions nombreuses que l'abbé opéra prouvèrent que l'esprit de Dieu était en lui. La plupart des catholiques, qui restèrent fermes dans leur Foi au milieu du schisme, durent leur constance aux soins de ce zélé missionnaire.
Après trois ans d'un tel ministère, aussi pénible que glorieux, il fut emprisonné, et resta dans les fers pendant deux ans, faisant tourner à la gloire de Dieu cette humiliante et douloureuse situation. Enfin, il fut mis en liberté, à la condition de sortir de France, conformément à la loi de déportation du 26 août 1792. Nicolas remplit cette rigoureuse condition ; mais, trop préoccupé des besoins des catholiques, qui restaient presque sans pasteur, il revint quand il crut la persécution apaisée.
Une seconde fois arrêté et expulsé, l'abbé Nicolas, pensant à ce que les Apôtres avaient tenté de périlleux pour la cause de Jésus-Christ, se crut rappelé par elle dans sa patrie. Il y rentra à nouveau en 1798.
Il ne tarda pas à être arrêté, conduit à Metz, et livré à une commission militaire qui, d'après une loi de cette époque, ne pouvait que le faire périr. Il le savait ; et cette connaissance ne l'empêcha pas de paraître devant les juges-soldats avec la sainte assurance d'un confesseur de Jésus-Christ.
Après un bref interrogatoire, les juges prononcèrent tous unanimement la sentence de mort contre le curé Nicolas. Après l'avoir entendue, il s'écrie comme le Prophète-Roi :
"
Je me suis réjoui à cause de ce qui m'a été dit : nous irons dans la maison du Seigneur. Je t'ai parlé de paix, ô ma chère patrie ! et je te l'ai souhaitée dans l'exercice de mes fonctions sacerdotales, à cause de mes proches et de mes concitoyens. Si mon ministère pouvait encore leur être de quelque utilité, je ne refuserais pas le travail, vous le savez, Seigneur ; mais aussi, dès que ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite. Puisque, dans ce jour heureux pour moi, vous daignez, Seigneur, couronner mes faibles mérites, en couronnant vos dons, souffrez qu'à l'exemple de votre divin fils, et du premier Martyr saint Etienne, patron de ce diocèse, je vous demande grâce et miséricorde pour mes juges, pour les exécuteurs de leur sentence, et pour tous les Français coupables. Pardonnez-leur, Seigneur ; car ils ne savent ce qu'ils font. Dessillez enfin leurs yeux, en les faisant rentrer, par votre grâce, dans la religion qu'ils ont si indignement abandonnée. Vous êtes, il est vrai, le Dieu des vengeances ; mais vous êtes aussi le Dieu des miséricordes. Faites qu'ils se convertissent et qu'ils vivent, afin qu'ayant reconnu leur erreur, ils en fassent une sincère pénitence, et qu'ils vous en bénissent pendant toute l'éternité".
Telles furent les propres paroles du curé Nicolas. On le fusilla dès le lendemain, le 13 août 1798, avec un autre prêtre du diocèse de Metz, le curé de Bellainville, nommé Marcolin.
Le souvenir de ce martyr de la Foi demeure vivace dans le pays Messin. C'est pour l'honorer que nous vous convions à cette
journée de mémoire du samedi 13 août 2016.
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