Ce 13 août 2016, 218e anniversaire de la mise à mort de l'abbé Antoine Nicolas, prêtre réfractaire martyr de la Foi, la conférence à son sujet organisée par le cercle légitimiste Robert de Baudricourt à La Maxe a rassemblé une vingtaine de personnes.
Elle a été suivie d'un chapelet dans l'église du village (où figure un vitrail représentant l'exécution du Saint Abbé ainsi que son cénotaphe), d'une messe à Notre-Dame de la Nativité à sa mémoire puis d'un repas convivial.
Introduite par M. Franck Reny, président du cercle Robert de Baudricourt, la conférence tenue par M. Florent Madre a présenté la vie de l'abbé Nicolas, illustrée par la lecture des lettres très touchantes et édifiantes que le prêtre en exil envoyait à ses paroissiens.
Il est remarquable que l'abbé Nicolas, qui avait survécu aux pires heures de la Révolution, aurait sans doute pu sauver sa vie au prix de quelques accommodements qui de nos jours pourraient apparaître bien légers. Mais il a préféré jusqu'au bout demeurer un témoin fidèle et incorruptible du Christ et offrir sa vie pour la défense sans faille de Sa sainte religion.
Tiré du livre "Vie de M. Nicolas, curé de Saint Baudier" (téléchargeable ici) le texte ci-dessous à parfaitement conclu la conférence :
Comme il appartenait au pays par son père et sa mère, qui lui avaient transmis leur vieux sang lorrain, M. Nicolas, par le sang spirituel qui coulait dans ses veines sacerdotales, appartenait au diocèse de Metz, qui au jugement même de nos saints évêques, s'honorera désormais de l'avoir compté dans ses rangs.
Il était doublement à nous, et comme enfant de notre mère commune la sainte Église catholique, et comme enfant de notre bon et cher pays messin, qu'il a si laborieusement évangélisé.
Ne laissons donc pas périr une mémoire qui doit nous être aussi chère qu'elle nous est glorieuse, et méditons-là souvent pour apprendre comment nous pouvons, un jour aussi peut-être, servir à la fois la patrie et la religion.
Ne nous abusons pas, l'acharnement même avec lequel les faux patriotes et les faux philosophes poursuivaient M. Nicolas, prouve l'importance des services qu'il rendait à la cause sacrée de la France et du christianisme : les passions haineuses ont un instinct qui ne les trompe pas.
Ne nous laissons pas séduire non plus par l'apparence de raison avec laquelle certaines gens, sans être précisément hostiles à M. Nicolas ni à la religion, blâmaient cependant ce qu'ils appelaient les excès et les témérités de son zèle, et lui opposaient comme beaucoup plus conforme aux règles de la prudence et aux intérêts bien entendus de la foi, l'exemple de ceux de ses confrères qui avaient émigré, ou qui se tenaient cachés dans le pays, ou même qui avaient fait leur soumission et prêté le serment.
C'est ainsi, en effet, que raisonnent à toutes les époques les égoïstes et les timides, qui acceptent tout et qui voudraient, pour couvrir leur lâcheté, que les autres en fissent autant. Aux yeux de pareilles gens, qui se croient les sages par excellence, le dévouement est toujours folie, surtout le dévouement qui fait leur honte et leur condamnation ; et nul dévouement ne leur est, en secret, plus antipathique que cette sublime folie de la Croix qui a régénéré le monde, et dont ils recueillent les bienfaits sans vouloir la partager.
Mais les vrais disciples de Jésus-Christ ne se laissent pas prendre à ces sophismes intéressés du coin du feu et du chacun pour soi. Aussi M. Nicolas comptait-il autant de partisans qu'il y avait alors, malgré les funestes progrès de l'incrédulité, de chrétiens fervents, d'âmes fortes et dévouées ; et, grâce à Dieu, ces belles âmes abondaient encore dans le pays.
Il y en avait quantité, comme disait M. Nicolas à ses juges en parlant des gens de bien qui lui avaient donné asile dans la persécution.
Ces âmes vraiment chrétiennes, considérant avec douleur l'étendue des maux qui désolaient la contrée, bénissaient, au lieu de le flétrir, un zèle qui, dans ses prétendus excès, semblait à peine à la hauteur de la situation.
Que restait-il en effet dans ce vaste diocèse pour la sanctification et la consolation des fidèles ? Où était l'évêque ? Où étaient ses prêtres ? Où étaient les congrégations et les communautés ?
Quelques schismatiques, le rebut du clergé, en qui personne n'avait confiance ; quelques prêtres cachés, en très petit nombre, qui ne sortaient pas de leurs retraites ; le reste à l'étranger.
L'antique ennemi du genre humain ne rencontrait donc plus de résistance ; privée de ses chefs, la sainte milice était à sa merci et de toutes parts mettait bas les armes ; le paganisme revenait à grand pas ; c'en était fait pour nos tristes contrées du règne bienfaisant de l'Évangile.
M. Nicolas, lui, se posa hardiment en champion de la vérité contre l'erreur, de la catholicité contre le schisme, de la liberté contre la tyrannie, de Dieu contre Satan.
Il releva les courages abattus, rallia les brebis dispersées, raffermit la foi chancelante. Infatigable comme les Apôtres, et insatiable comme eux de travaux et de souffrances, il parcourait le pays dans tous les sens, se rendait à travers mille maux et mille dangers partout où on le demandait, évangélisait tour à tour les différentes paroisses du diocèse, suppléait par l'activité de sa correspondance à l'insuffisance de sa parole, et surtout enseignait, par l'austérité de sa vie et l'ardeur de sa charité, comment dans les temps difficiles on sert ses frères et son Dieu.(...)
La mollesse du siècle nous inquiète. Si nos pères, si nos mères ont été fermes parmi ces formidables épreuves, ce n'est pas seulement parce que leur foi était plus vive, c'est aussi parce que leurs mœurs étaient plus simples et plus austères. (...)
O saints, où êtes-vous ? Grandes âmes, qui vouliez souffrir ou mourir, et qui ne redoutiez rien plus que ces funestes jouissances, qui énervent les âmes après avoir amolli et énervé les corps, vous avons-nous perdues pour toujours ? (...)
S'il en est ainsi, conservons du moins dans nos cœurs ces précieux souvenirs, et méditons-les pieusement.
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