samedi 19 novembre 2016

Groupes réducteurs et noyaux dirigeants

Abrégé de subversion par Adrien Loubier (sujet étudié lors de la réunion du Cercle du 8 octobre dernier)


La règle du jeu :
  • Ce spécialiste de « pédagogie non directive », vient de rassembler douze personnes autour d’une table pour leur faire « prendre conscience » des nécessités d’un « recyclage » …
  • Une dizaine de personnes se sont réunies pour « échanger » sur une actualité brûlante qui « fait problème ».
  • Deux cents étudiants se sont regroupés dans un amphithéâtre pour mettre au point une « plate-forme de revendications », etc. (...)

La règle du jeu est-elle possible ?

Mais la règle du jeu rend celui-ci apparemment impossible.
Si l’on met en présence des personnes nécessairement diverses par l’âge, le sexe, l’expérience, etc., leur connaissance du problème que l’on va mettre en débat sera « inégale ». Ainsi, les avis seront différents.
Au nom de la liberté, chacun exprimera son point de vue. Tout naturellement on cherchera à convaincre les autres que l’on a raison.
Or, au nom de l’égalité, aucune autorité n’est reconnue pour prendre une décision, ou simplement pour imposer les compétences ou l’expérience de quelqu’un.
Dès lors, la réunion devient une série d’exposés divergents dont la résultante moyenne est nulle. C’est ce qu’on appelle généralement un « tour de table ». La machine va-t-elle rester bloquée avant d’avoir commencé à tourner ? Aucune décision, aucun acte ne pourra-t-il se dégager de la réunion ? Pourtant l’on veut « faire marcher l’appareil ». Implicitement ou explicitement, la libéralisation maximale n’est-elle pas souhaitée par tous ?

Dès lors, elle devient l’objectif essentiel de la réunion, et prend le pas sur le prétexte autour duquel elle fut organisée.
Cette obstination peut être due à la volonté méthodique d’un technicien de groupe, d’un animateur socioculturel, d’un psychotechnicien, ou simplement d’un manipulateur astucieux.
Mais elle peut aussi naître spontanément de l’état moyen des esprits. Il suffit pour cela que la majorité soit convaincue qu’il n’y a pas de vérité objective, donc pas de réalité susceptible de s’imposer à tous comme norme de pensée ou d’action.
Dès lors en effet, la liberté des délibérants devient un absolu, car chacun paraît en droit de se forger une vérité relative, qui sera son opinion. Et puisqu’elle ne sera que son opinion, elle ne peut avoir plus de poids qu’une autre, car elle n’est pas moins subjective.

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