La longe des soldats du Lieutenant du Christ
- Jean ! Tu l’as tiré la bête noire ! Les chiens l’ont levé de sa bauge dans les épineux, là à dix pas du layon, dit Pierre.
- Oui, elle est passée dans le creux du chemin. Il doit y avoir des traces. J’ai lâché deux coups, mais elle ne s’est pas rendue. C’est une grosse bête mordante. Elle a continué sa course à travers le clair, vers la vieille croix du bois de l’étang.
- Venez ! Venez voir ! Il y a des traces de sang ici !
- Où du sang ?
- Là, à mes pieds, les traces sur les pierres. Elle est touchée, elle n’ira pas bien loin.
- Il nous faut un chien de sang.
- Il va bientôt faire nuit, dans une heure on y verra plus rien.
- Pas besoin d’y voir Vincent, c’est le sang que le chien suivra. Les bêtes recherchent toujours le sang, dit Pierre.
- De toute façon il nous la faut !
Un ciel rouge annonçait l’arrivée du froid.
- En vérité, il ne faudra pas lâcher la longe, notre seul guide dans la nuit, c’est tout, dit Pierre.
- Tu es blessé au front Vincent, tu saignes. Tu ne peux pas venir avec nous, sonne plutôt la fin de la chasse, dit Jean.
Trois coups retentirent dans la forêt.
Trois coups répondirent comme un écho lointain.
- L’hiver sera long et rude dit Jean en s’adressant à ses amis comme au navire hostile qui les enveloppait.
- Allons-y et vérifiez que vous avez bien votre dague ! Dit Pierre en accrochant la longe au collier d'acier du chien de sang.
Ils s'élancèrent dans les dernières lueurs pourpres du crépuscule.
par Vincent
jeudi 28 novembre 2013
La longe des soldats du Lieutenant du Christ
« Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.
Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes » (Mt, 10-16).
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