jeudi 30 avril 2020

Pour une reprise des messes le 11 mai : lettre ouverte à Christophe Castaner

Dans Valeurs Actuelles, l’abbé Danziec publie sa lettre ouverte au ministre de l’Intérieur :


[…] Alors, pourquoi prendre ma plume Monsieur le Ministre ? Je vous rassure tout de suite : en aucun cas pour vous demander, à partir du 11 mai et du déconfinement, le droit de célébrer la messe dans mon église en présence des fidèles qui voudraient y assister.

Vous en demander le droit ? Le droit ? Non merci !

Depuis de nombreuses années, l’habitude a été prise de s’adresser en haut lieu au nom de prétendus droits. Telle minorité réclame le droit à la diversité. Telle catégorie invoque le droit à l’enfant, telle autre le droit de l’empêcher de naître. Je ne me sens ni l’âme d’un syndicaliste en soutane, ni celle d’un révolté mal à l’aise avec son siècle.

Je suis convaincu, du reste, que si l’Église ambitionne d’épouser son époque, elle risque fort de terminer veuve à la prochaine. Or je n’ai pas le goût du veuvage Monsieur le Ministre, j’ai simplement fait vœu de célibat.

En rédigeant cette lettre ouverte, je ne vous réclame rien. Je ne vous demande rien. Je n’implore pas votre mansuétude ou votre compréhension. Je me tourne vers vous, non pour faire valoir un droit mais mû par un devoir.
Impérieux et grave. Le devoir de rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César.
Le devoir de vous affirmer que l’assistance à la messe fonde la dignité de la personne baptisée, que l’Eucharistie est à la fois la source et le sommet de la vie chrétienne. Le devoir de vous dire qu’elle n’est pas d’abord un rassemblement de personnes mais une rencontre avec quelqu’un. Et que ce Quelqu’un, c’est Dieu lui-même. Le devoir enfin, de vous exprimer publiquement ma grande perplexité devant l’incohérence des décisions qui touchent l’après 11 mai et la liberté du culte public.

Depuis le mardi 17 mars, vous le savez, les catholiques français ont joué le jeu du confinement avec une loyauté parfaite. Un sacrifice immense a été consenti par des millions de croyants habitués à leur messe du dimanche. Je doute fort que vous mesuriez le prix qu’il nous en a coûté, vous qui aviez déjà du mal on s’en souvient à mesurer que Notre-Dame de Paris soit une cathédrale. Animés par un réel souci du bien commun, les fidèles des églises ont pourtant accepté de vivre la Semaine Sainte – le point d’orgue des célébrations annuelles – dans un dénuement liturgique total.

Loin de s’apitoyer sur leur sort, un grand nombre de chrétiens engagés, de mères de familles, de jeunes de mouvements scouts, de communautés religieuses se sont mis au service de leur prochain en distribuant des repas dans les rues, en confectionnant des masques, en réalisant des blouses. Toujours gratuitement. Souvent discrètement. Généreux, priants, obéissants, prudents, gentils, les catholiques n’ont pas à rougir de leur comportement depuis le début du confinement. Mais soyons clairs Monsieur le Ministre, être bon ne commence pas par un « c ».

Alors que se dessinent peu à peu les mesures du décloisonnement, nous savons déjà qu’à partir du 11 mai prochain – étant entendus les gestes barrières – nous pourrons aller à l’école, prendre les transports en commun, participer de nouveau à l’activité économique du pays, faire de la trottinette, visiter des voisins, courir en forêt… Mais en revanche, aller à la messe nous serait interdit ? Et nous devrions rester cois, impassibles ?

Les bons élèves seraient mis à la retenue et les catholiques auraient vocation à devenir les dindons d’une mauvaise farce ? Devant tant d’incohérences, et d’injustices, il m’est difficile de ne pas voir de l’indécence. Comment ne pas s’indigner devant le mépris des éventuels appétits spirituels des hommes ? Ces derniers appartiendraient à la catégorie des besoins non essentiels. Il n’empêche Monsieur le Ministre, je suis prêtre, et dans une saine distinction des pouvoirs, je ne saurais me considérer comme membre d’une “Église Populaire hexagonale”. La liberté, l’égalité et la fraternité vous sont chères ? Sans que je les érige moi-même en dogmes, je suis prêt à les faire miennes pourvu seulement qu’elles soient vécues en vérité et non en Tartuffe.

La République parle de liberté ? Alors qu’un prêtre célébrait récemment sa messe dominicale en toute légalité, et conformément aux règles du confinement, des policiers armés se sont introduits dans son église pour y faire cesser la cérémonie. Et ce, en violation de la loi qu’ils prétendaient défendre. On a peine du reste à imaginer la même scène dans une mosquée à Colmar… Le dédain avec lequel sont traités les ministres du culte et leurs légitimes aspirations montre à quel point la laïcité républicaine s’est transformée irrésistiblement en un athéisme d’État, sournois puis menaçant. […]

La République enfin nous parle de fraternité ? Un mot sublime qui aura sonné douloureusement creux tous ces derniers jours. Savez-vous Monsieur le Ministre, ce que cela fait de célébrer des obsèques dans les conditions qui nous ont été imposées ? Le drame indigne de voir des membres d’une famille contraints de rester à la grille du cimetière, les autorités ne permettant qu’à douze personnes d’accéder aux sépultures ?

Ce qui est révoltant, ce n’est pas tant de subir ces contraintes pour des motifs sanitaires que de voir dans le même temps des supermarchés en libre accès ou des avions de ligne chargés de passagers. A la sortie, il y aura des comptes à rendre ! Monsieur le Ministre, la vie chrétienne n’est pas affaire de fricotage électoral ou d’opinion publique. Je suis prêtre, au crépuscule de ma vie il me faudra répondre de mes actes devant Dieu.

C’est au nom de ces comptes à rendre que je vous écris ces mots. Ne vous méprenez pas, s’il vous plaît, sur leur vigueur. Le Christ n’invite pas ses disciples à devenir le miel de la terre, mais le sel. Or, comme le dit Bernanos, « du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir ! ». Le bien commun et l’intérêt général sont à ce prix-là.

Un discours transparent, sans langue de bois. Que la vie ecclésiale puisse retrouver son rythme au même titre que la vie scolaire, sociale et économique du reste du pays à partir du 11 mai ne relève pas du lobbying mais du droit strict de l’Église et de la plus élémentaire des justices. Il ne saurait donc s’agir ici, vous l’aurez compris, de vous quémander un droit, mais de vous rappeler à votre propre devoir. Un devoir d’État. Puisse au moins ces quelques lignes vous le faire savoir.

8 commentaires:

  1. Je pense que s'ils pouvaient tout rouvrir sauf le églises catholiques ils le feraient. C'est dire l'importance extrême de l'église Catholique en ces temps..Réjouissons nous d'avoir une telle importance et prions..

    RépondreSupprimer
  2. liberté du culte ?
    l église est en agonie
    persécuté par la maconnerie de l' etat

    RépondreSupprimer
  3. Seigneur, ouvre les yeux de nos dirigeants afin qu'aucun ne se perde. 6

    RépondreSupprimer
  4. je suis catholique pratiquante mais la loi est pour tous et toutes les religions appliquent les mêmes règles. nous n'avons pas plus de droits que les autres.Jésus a dit aimez-vous les uns les autres.aimer les autres c'est respecter leur vie et ne pas la mettre en jeu.l'un des commandements dit tu ne tueras point. nous pouvons très bien prier chez nous en communion avec les autres et nous apprécierons encore plus quand nous pourrons enfin communier

    RépondreSupprimer
  5. Vous avez dû le remarquer ,sur les chaînes d information, on a a maintes reprises bien insisté très lourdement insisté sur le fait que le plus gros¨cluster¨est la faute de ce grand rassemblement évangélique , des journaliste ou intervenant on parlé des messes comme des rassemblements a risques, nous allons avoir besoin de l'aide du ciel car on va se servir de cette peur pour persécuter les chrétiens et les empêcher de pratiquer leur culte. Tenons bon seule l'opinion de Dieu est importante.UP

    RépondreSupprimer

  6. Oui, et ce n'est certainement pas un hasard si les choses se sont déroulées comme cela.
    Il est à noter que l’autorisation des messes à partir du 2 juin (peut-être), c'est-à-dire le lendemain du lundi de Pentecôte, écrasera complètement le cycle de Pâques.
    D'ailleurs je m'en souviens très bien l'"épidémie" en France a commencé (à la radio) le mercredi des cendres.
    L'an dernier on mettait le feu à Notre-Dame le lundi de la Passion. Cette année, on supprime Pâques du Carême à la Pentecôte.
    Républicains, rassurez-vous, on parle toujours dans le poste du ramadan. Et le 11 mai tombe sur quoi ? Sur la fête mobile du lag ba'omer (33 eme jour du mois 'omer) qui fête quoi ? La fin d'une épidémie qui fit 24.000 victimes parmi les fidèles d'un célèbre rabbin.
    Il faut connaître la nature de la république.

    Envoyer cette lettre à Castaner, il faut sans doute le faire, mais il faut avoir conscience que c'est équivalent à envoyer une lettre recommandée avec AR en 36 à Hitler pour qu'il arrête son cirque.

    Notre-Seigneur-Jésus-Christ est le Roi des nations. L’apostasie des peuples est leur mise en esclavage, et la mise en place du "nouvel" "ordre" "mondial".

    Convertissons-nous.

    nb pour les administrateurs de ce site : il est curieux de valider une réponse à ce blog par le "compte google". Autant s'auto-administrer une puce.

    RépondreSupprimer
  7. Je trouve ce prêtre génial d écrire à castagner,mais il faut surtout demander aux autorités religieuses françaises de consacrer d urgences toute la France à la vierge marie et à dieu et ĺà ça devient très urgent.

    RépondreSupprimer